Il est
impossible de définir le temps dans ses trois dimensions (passé, présent
et avenir) ; définir le temps, ce serait dire : « le temps, c'est... ». Or, on
ne peut demander ce qu'est le passé (qui n'est plus) ou l'avenir (qui n'est pas
encore) : seul le présent est, mais le présent n'est pas la totalité du temps.
Non
seulement le temps place notre existence sous le signe de l'irréversible,
mais il éveille en nous la possibilité d'une conscience morale :
« Je me reproche mon passé parce que je
ne peux rien faire pour annuler les erreurs que j'ai commises ».
Parce que le
temps est irréversible, je crains mon avenir et je porte le poids de mon passé
; parce que mon présent sera bientôt un passé sur lequel je n'aurai aucune
prise, je suis amené à me soucier de ma vie.
Si je ne
savais pas d'avance que je vais mourir un jour, si je n'étais pas certain de ne
pas avoir tout le temps, je ne me soucierais pas de ma vie. Ce n'est donc pas
la mort qui nous vient du temps, mais le temps qui nous vient de la mort.
Je ne meurs
pas parce que je suis un être temporel et soumis aux lois du temps, au
contraire : le temps n'existe pour moi que parce que la perspective certaine de
ma mort m'invite à m'en soucier.
Et comme
personne ne pourra jamais mourir à ma place, personne ne pourra non plus vivre
ma vie pour moi : c'est la perspective de la mort qui rend chacune de nos vies uniques et insubstituables.
Les enjeux du temps. © 2015-2016 André Yangama
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